Comment écrire un personnage féminin intéressant ? Voilà une question qui revient souvent de nos jours. Avec les mouvements féministes actuels, il n’a jamais autant été question de mettre les demoiselles à l’honneur dans les œuvres de fiction. Pourtant, à mesure que les films, séries et livres sortent mettant en avant des femmes “fortes et indépendantes”, je vois davantage de personnages qui ressemblent à des caricatures qu’à de vrais personnages auxquels m’attacher.
Aussi, dans cet article, j’ai décidé de revenir un peu sur ma méthode pour écrire un personnage féminin à la fois forte et intéressante. Vous êtes prêts ? C’est parti !
Je vais commencer tout de suite par un avertissement. Ce n’est pas parce que votre personnage possède l’un de ces traits qu’il est forcément raté. C’est l’accumulation de ceux-ci qui vont amener votre public à hausser les sourcils et à rouler des yeux dès que votre personnage féminin entrera en action. Après, même la présence de l’un d’entre eux peut être un mauvais signe à surveiller dans vos créations.
“Mais, Gautier, tout bon personnage a des défauts et des faiblesses.”
Je commence par celui-ci qui vous parait évident. Et pourtant, quand je vois certaines productions mettant en avant un personnage féminin, je me dis qu’il est tout de même important de rappeler quelques bases.
Oui, un bon personnage a des défauts et des qualités, des forces et des faiblesses. Et c’est justement pour ça qu’on les aime ! Car ils sont humains, ils sont proches de nous. Ils peuvent faillir et échouer pour mieux se relever. C’est ce qui les rend attachant : la possibilité de l’échec et le surpassement de celui-ci.
MAIS ! Certaines personnes sont convaincues qu’on ne peut pas se permettre de mal représenter les personnages féminins, que leur donner des défauts équivaut à s’en prendre à la cause féministe tout entière. Aussi, ça râle dès lors qu’on met une faiblesse à un personnage ou lorsqu’on lui fait subir une défaite.
Mais justement ! Si le protagoniste, sous prétexte qu’il est une femme (ou autre hein ! n’importe quel prétexte est mauvais dans ce cas-là), réussit absolument tout ce qu’il entreprend, même si c’est avec difficulté, le public finira par accepter ce fait et la tension des situations disparaitra. Et là, c’est l’ennui assuré.
La nana qui pète des margoulettes, fume cigare après cigare entre deux verres de whisky et jure comme un charretier, c’est en train de devenir un sacré cliché. Et ça commence même à saouler des femmes.
Alors, bien entendu que vous pouvez avoir un personnage féminin “garçon manqué”, bourrin, qui préfère la bagarre et le foot à la broderie (je caricature). Moi-même je l’aime bien et l’ai représenté plusieurs fois dans mes propres livres (Judith, Salia et Astrid sont de parfaits exemples de cet archétype de personnage). Mais par moment, on se demande si ce n’est pas tout ce qui est demandé aux personnages féminins : à savoir de ce comporter comme des hommes.
Il y a d’autres façons de représenter des personnages féminins forts et puissants. Une mère qui se bat pour protéger ses enfants contre vents et marées. Un médecin qui vise à préserver la vie des autres, même au coeur d’un conflit atroce (ceux qui ont reconnus Julie des livres Au nom des Dieux – Fracture, vous êtes forts). Une athlète ingénieuse qui usera plutôt de ruse et de finesse pour venir à bout de ses adversaires.
Tous ces exemples ne font en rien un personnage féminin plus faible que la bourrine qu’on voit un peu partout. Mais varier les comportements vous permettra ainsi d’offrir de la variété à votre public ainsi que d’explorer d’autres possibilités narratives.
Mettre des défauts à vos personnages, c’est bien. Mettre de vrais défauts qui les pénaliseront vraiment, c’est mieux.
On a vu plusieurs fois des personnages féminins dont on essayait de masquer l’aspect “invincible” en rajoutant des défauts à peine présents qui n’avaient aucun impact sur le récit. Et par impact, j’entends qu’ils se retournent vraiment contre la protagoniste, qui ont des conséquences et des répercussions dans l’histoire.
“Oui, mais elle est maladroite.” Dans ce cas, qu’elle renverse la fiole qui répand l’épidémie de virus zombie ! Là sa maladresse est un vrai problème.
“Elle est impulsive.” Est-ce qu’elle se fait détester par quelqu’un d’autre que l’antagoniste pour cela ? Parce que si c’est quelque chose qui la rend attachante au premier regard, ce n’est pas un défaut. Ce sont les autres qui sont stupides.
“Elle n’est pas à l’aise socialement.” Si c’est juste de la timidité, j’espère qu’au moins elle se fera recaler de plusieurs entretiens d’embauches. Parce que sinon, c’est comme le reste, ça n’a aucun impact.
Pour cette partie, je vais tout simplement prendre des contre-exemples pour chacune des situations que j’ai énoncé ci-dessus pour voir comment contrebalancer tout cela ou au contraire partir dans une tout autre direction. Ainsi, j’espère que ce sera assez clair pour vous pour que vous puissiez éviter de commettre ces erreurs.
Et comme je suis un petit malin, je vais prendre des contre-exemples de personnage féminin dans mes propres ouvrages. Ca vous donnera un aperçu de ce qu’il est possible de faire.
Je vais commencer par ma petite favorite : Lucie Ormurin, née Antel. Lucie est une demi-déesse charismatique, une commandante émérite et une épéiste chevronnée. Elle mène ses troupes à la bataille avec une confiance contagieuse et a réussi à sauver le monde (au moins) une fois.
Mais Lucie a deux problèmes. Le premier, c’est une accro au travail. Elle ne sait pas décrocher et a du mal à se détendre, quitte à mettre sa santé en danger. A plusieurs reprises, ses camarades ont dû la forcer à prendre du repos car elle commençait à en souffrir.
Le deuxième, et le plus important, est qu’elle a été abandonnée durant sa petite enfance. Elle a été élevée en orphelinat, ce qui a laissé un traumatisme profond en elle. De là en découle deux choses : elle a une peur profonde de l’abandon qu’elle pourrait causer. Pour cela elle se refuse à avoir des enfants, ne sachant pas si elle ne commettrait pas la même erreur que sa propre mère. Et cela lui pèse. C’en est une peur presque phobique.
La deuxième chose, c’est justement que, dès lors que des enfants sont impliqués, elle en perd ses capacités de jugement pour foncer dans le tas, quitte à se mettre en danger, elle ou ses compagnons. Et à plusieurs reprises, cela s’est retourné contre elle, via des pièges ou des blessures.
Et ce sont ces faiblesses qui la rende attachante. Certes ses qualités sont une part non négligeable de sa personnalité, mais, personnellement, c’est tout cet aspect maternel qui fait de Lucie mon personnage favori de tous mes romans.
Ma petite Julie d’Agnosc. Je lui en ai fait sacrément bavé dans les romans que j’ai écrit. Elle a enduré des souffrances et des tourments que peu d’entre nous (moi le premier) auraient pu supporter. Pourtant, elle s’est relevée, plus grande et plus forte à chaque fois. Et est-ce que c’était en pétant des margoulettes ? Jamais.
En fait, c’est tout l’inverse. Julie est une pacifiste. Médecin, elle agit toujours dans le but de protéger le plus grand nombre, par ses soins ou sa magie. Mais ce qui lui permet d’avancer, ce qui la rend sublime aux yeux de tous, ce ne sont en aucun cas ses muscles ou ses capacités au corps-à-corps, non. C’est sa compassion quasi sans limite qu’elle met au service des plus faibles.
Et c’est là, la vraie force. C’est de se relever quand on pense être au plus bas. C’est de remonter affronter les épreuves que la vie nous envoie la tête haute. C’est de refuser d’abandonner, ou d’accepter de demander de l’aide, lorsque tout semble désespéré.
Et même si c’est cool de voir une nana péter des margoulettes, ce n’est pas nécessaire qu’elle passe par cette étape.
Passons sur le cas de Margot désormais. Margot Baxter, voleuse de réputation nationale, experte dans son domaine et qui n’a quasiment jamais foiré une mission. Et pourtant, ce n’est pas les occasions qui ont manqué.
Parce que Margot a quelques gros soucis. Tout d’abord, elle est victime d’une poisse incroyable, qui va se retourner contre elle à plusieurs moments, la foutant dans des pétrins dignes des légendes, voire manquant de la tuer à plusieurs occasions.
Ensuite, à cause de cette poisse, elle est d’une mauvaise foi aussi grande que sa malchance, refusant d’admettre sa part de responsabilité dans des erreurs qu’elle commet et entrainant ainsi d’autres complications par la suite pour elle comme pour ses alliés.
Enfin, c’est une lâche. Oui, le mot est cru. Mais elle a toujours préféré la fuite devant ses problèmes plutôt que la confrontation. Et cela sera utilisé par ses alliés comme ses adversaires contre elle à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’elle accepte cette part de faiblesse en elle et qu’elle n’entreprenne de la combattre.
Parce que oui, être fort, c’est aussi reconnaitre et combattre ses faiblesses. Si on a aucun point faible, on n’a aucune place pour l’amélioration et la croissance. Autrement dit, si on est fort de base, on ne peut pas le devenir.
Pour conclure cet article, je rappellerai une dernière évidence. C’est l’équilibre entre forces et faiblesses, qualités et défauts, qui font la réussite d’un personnage. Je ne vous ai donné que quelques exemples, et je suis sûr que vous serez capable d’en trouver d’autres dans les œuvres de fiction que vous dégustez.
Vous avez des clés supplémentaires désormais pour écrire un bon personnage féminin (ou plusieurs). Il ne vous reste qu’à vous lancer maintenant. D’ailleurs, si vous voulez en savoir plus sur les personnages que j’ai utilisé comme exemples, je vous renvoie sur les romans ci-dessous. N’hésitez pas à découvrir les différences entre les femmes de mes histoires et comment, chacune à sa façon, se révèle “forte et indépendante”.
Bilskirnir, le Hall de Force, est LE spécialiste des histoires épiques et héroïques de France.
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